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 Infrastructure - La chronique de Christophe Bardy

Standards : les miens sinon rien

Pourquoi se casser la tête avec les standards lorsque l'on est puissant. A bien y regarder c'est ce que l'on peut se demander en analysant les décisions récentes de deux des fournisseurs les plus puissants du monde informatique (avec des minuscules), Microsoft et Intel.

Microsoft veut fusionner le Web et Windows

Le premier a profité de sa conférence développeur de Los Angeles (PDC 2005) pour étaler un arsenal impressionnant (si, si) de technologies, mais aussi pour balayer d'un revers de main près de 10 ans de rêve d'un web basé sur des standards. La recommandation du géant aux développeurs et particulièrement au développeurs web : développez en utilisant les technologies natives de Vista, vos sites pourront tirer parti des capacités de rendu 2D et 3D de l'OS et vous pourrez enfin bâtir des interfaces client riche pour le web (cf pour cela les présentations des outils de la gamme Expression).

Le problème de cette démarche, comme d'ailleurs celle de Macromedia avec Flash, est qu'elle s'assoit sur tous les travaux de normalisation menés depuis des années au W3C. Dans le cas de Microsoft, c'est encore pire puisque implicitement, l'éditeur envoie le message subliminal suivant : dans les 2 ans qui suivront le lancement de Vista, 500 millions de PC neufs et près de 200 millions de vieux PC pourraient utiliser l'OS, soit une large portion du parc mondial. Pourquoi dès lors faire des efforts pour supporter ces vieilles casseroles sous Linux, ou Mac OS ou Windows 98?

Je sais, j'exagère : Microsoft fournira un plug-in WPF (Windows Presentation Foundation) pour Mac, ce qui permettra aux machines de Steve Jobs de bénéficier d'une partie des "merveilles" de Vista. Personnellement, j'ai déjà connu ce genre de promesses, il y a dix ans, lorsque Microsoft avait annoncé le portage d'Active X sur Mac . Le résultat : même l'éditeur avait été infoutu d'adapter ses propres sites pour les rendre compatibles Mac. Les promesses, n'engagent que ceux...

A plusieurs reprises, j'ai posé la question de savoir ce qui se passerait pour les utilisateurs de plates-formes non Microsoft, s'ils arrivaient sur des sites conçus pour tirer parti de WPF. J'avoue que l'absence de réponse de mes interlocuteurs ne m'a pas rassuré. Si Microsoft parvient à imposer WPF comme cible pour un large parc de développeurs Internet, le web sera sans doute plus animé, plus saturé d'effets 3D et plus convivial. Seul problème, il sera aussi moins accessibles depuis toutes les plates-formes concurrentes (vous avez dit Linux ?). En fait, il ne s'agira plus à proprement parler du web, mais de l'internet à la sauce Windows.

Intel menace d'entraver l'apparition de 802.11n, le futur Wi-Fi rapide

Toujours à propos de standards, Intel a, de son côté, joué de ses muscles pour envoyer un message d'une subtilité douteuse à ses concurrents dans le monde Wi-Fi. Alors que le constructeur semblait avoir accepté un compromis dans le développement du standard 802.11n (le Wi-Fi ultra-rapide destiné à succéder à 802.11 a et g), compromis qui aurait permis l'apparition d'un standard dans le courant 2006, il vient tout simplement de faire bande à part avec quelques autres constructeurs.

Résumé du feuilleton : En août, les différentes factions en compétition pour 802.11, TGnSync, appuyé notamment par Intel, et WWise, appuyé notamment par Airgo, se mettent d'accord pour fusionner leurs propositions. Objectif définir dès le mois de novembre une base commune pour former le futur standard. Réjouissances générales, un conflit qui menaçait de fractionner les standards Wi-Fi touche à sa fin.

Le problème est que ce feuilleton idyllique à une suite, moins rose. La semaine dernière, Intel a réussi à convaincre Broadcom, Atheros et Marvell de le rejoindre pour faire une contre-proposition à la réunion de l'IEEE de novembre. Une manœuvre digne du pire épisode de Dallas : le groupe a en effet pris le soin d'exclure, Airgo, la petite start-up qui a devancé tous les grands sur le marché des technologies d'antennes multiples MIMO et dont la technologie devait former la base du futur standard (Airgo est le constructeur qui fournit les puces qui équipent les équipements MIMO de Linksys et Belkin).

Pourquoi une telle manœuvre : En innovant et en prenant des risques, Airgo a pris une longueur d'avance sur les historiques du Wi-Fi, dont Intel, Marvell, Broadcom et Atheros, qui contrôlent plus des trois quart des livraisons de chipset Wi-Fi dans le monde. En tentant par tous les moyens de faire évoluer le standard de consensus, les poids lourds du marché ne souhaitent pas vraiment faire évoluer le standard, mais tout bêtement le contrôler afin de protéger leurs parts de marché. C'est texto l'analyse du cabinet ABI, qui explique que si Intel, Broadcom, Atheros et Marvell, "qui ont pris du retard pour amener le multiplexage spatial au marché, peuvent faire évoluer la proposition de standard, Airgo devra revoir en profondeur son design", donc perdre son avance.

Les plus cyniques remarqueront qu'Intel n'en est pas à son coup d'essai. Il s'est déjà entendu ave Cisco pour développer un jeu d'extensions propriétaires à Wi-Fi pour améliorer la sécurité et la gestion radio dans l'espoir dans faire un futur standard (de fait). Il a, par ailleurs, réussi à semer une belle zizanie dans le processus de normalisation (avorté) d'UWB. D'autres se rappelleront qu'après s'être engagé derrière Firewire dans le courant des années 90, Intel a largement contribué à sa déchéance, en abandonnant l'intégration du standard dans ses chipsets, pour développer et pousser à tout prix USB. Le premier avait l'inconvénient d'avoir été développé par Apple et TI et de supporter des frais de licences. Le second entièrement contrôlé par Intel ne coûtait rien au fondeur et lui permettait de faire avancer son agenda.

Standards : antichambre des monopoles

J'avoue mon intérêt profond pour les standards ouverts. Mais de plus en plus, je constate que trop de standards définis au sein de l'IEEE, mais aussi de l'ETSI, obéissent à des logiques commerciales et de protection de marché. Ils sont devenus des outils de contrôle de marché pour des monopoles ou oligopoles en quête de protection demarché. A tel point, qu'il serait sans doute bon que les autorités de régulation de la concurrence commencent à s'intéresser de près à certains processus de normalisation. Certains standards en discussion aujourd'hui pourraient en effet permettre à certains de conforter leur main mise sur des marchés ou de développer de nouveaux et lucratifs monopoles...


septembre 25, 2005 dans Actualité, Apple/Macintosh, Réseaux & Télécoms, Web/Tech | Permalink | Commentaires (4) | TrackBack

PDC jour 1 : Un tour d'horizon de Windows Vista

L'ouverture mardi 13 septembre de la Professional developer Conference de Microsoft a permis à l'éditeur de montrer les derniers développements autour de l'OS. Comme quelques images valent plus que des mots, j'ai compilé ci-dessous quelques-uns des éléments d'interface de l'OS, sachant que pour l'instant, l'interface n'est pas finalisée. Au fur et à mesure du déroulement de la conférence et entre deux sessions), j'essaierai d'enrichir ce blog, avec notamment des informations sur Office, mais aussi sur Metro (le concurrent du PDF dans Vista) et sur les annonces de Microsoft. A ce propos, je finis rapidement car je dois me mettre en route pour le keynote de ce mercredi...

Voici donc comme promis quelques unes des innovations graphiques montrées par Microsoft lors du keynote d'ouverture pour Vista.


La SideBar

SidebarCe nouvel élément d'interface positionné sur la droite de l''écran permet d'accéder rapidement à des programmes (par exemple Media Player) ou à des informations (par exemple des flux RSS) au travers de mini-applications baptisées Gadget. Ces applications rappellent les Widgets de Mac OS X ou de Konfabulator, à la différence près qu'ils peuvent accéder à l'ensemble des fonctions de l'OS. Player_gadget
Point intéressant pour les développeurs, ils ne sont pas limités à la seule utilisation du Javascript. Ils peuvent concevoir leurs gadgets dans une multitude de langages et s'appuyer sur l'intégralité des ressources offertes par les API de Vista.

Les virtuals folders

PilesS'appuyant sur les nouvelles fonctions de recherche intégrées à l'OS, le système des virtuals folders (dossiers virtuels) permet d'accéder très rapidement aux fichiers désirés. On peut par exemple créer un virtual folder word, rassemblant tous les documents Word, ou un virtual folder vidéo réunissant en un même lieu l'ensemble des films stockés sur une machine. Dans le cas présent (fenêtre en fond d'écran), les virtuals folders apparaissent sous la forme de piles de documents, un concept développé par Apple, mais dont l'utilisation a jusqu'alors été écartée dans Mac OS X. Ce système semble toutefois promis à un bel avenir tant son efficacité dans Longhorn est patente.

Plus de 3D

Vue_3dL'utilisation des capacités de WinFX dans l'interface graphique Aero permet de simplifier largement la navigation dans un bureau saturé de fenêtres. Ici l'ensemble des fenêtres ont été empilées en 3D et il est possible de naviguer rapidement pour retrouver celle que l'on cherche. Encore une fonctionnalité séduisante, pour peu bien sûr que l'on dispose d'une carte graphique à la hauteur. J'en connaît chez ATI et Nvidia qui doivent prier pour le lancement de Vista...

septembre 14, 2005 dans Actualité, Web/Tech | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack

Linspire propose son bureau Linux gratuitement jusqu'au 6 septembre

Logo_linspireLinspire, l'éditeur de distributions Linux fondé par Michael Robertson, le créateur de MP3.com, propose de télécharger son bureau Linux gratuitement jusqu'au 6 septembre prochain. Le logiciel, qui offre l'un des bureaux les plus aboutis avec celui de Lycoris (racheté par Mandrake) est téléchargeable via le site http://info.linspire.com/freespire/index.html. Il suffit d'aller dans le magasin de l'éditeur d'acheter Linspire puis au moment du paiement de rentrer le code coupon "Freespire", qui rend le téléchargement du logiciel gratuit. Ensuite, il faudra un peu patienter si vous utilisez le téléchargement Web. Les serveurs de téléchargement de l'éditeur sont en effet largement surchargés du fait de l'opération (620 utilisateurs en attente à l'heure de l'écriture de cette note). Seule alternative, utiliser le client P2P BitTorrent et le torrent proposé par Linspire pour accélérer les choses (prévoir tout de même 2 à 4 heures de téléchargement pour l'image ISO de 640 Mo mise en ligne par l'éditeur)...


septembre 2, 2005 dans Actualité, Web/Tech | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack

Windows sur Power ? et pourquoi pas Mac OS X sur x86...

Windows sur PowerPC. Rares sont ceux qui se rappellent encore de cet animal, qui a brièvement vécu lors de la préhistoire de Microsoft, à l'ère de NT, alors que le système fonctionnait encore sur les architectures Alpha, MIPS et x86. La bête s'est éteinte au milieu des années 90, lorsque la division d'IBM, en charge des PC et des serveurs a décidé de tirer une balle dans le pied de celle en charge des processeurs en abandonnant toute idée de commercialiser des PC et serveurs à base de Power PC, pour se concentrer sur les grands serveurs Power. Certains semble-t-il sont nostalgiques.

Ainsi Frank Soltis, l'architecte des serveurs iSeries (ex AS400) de Big Blue a récemment fait un appel du pied à Microsoft pour porter de nouveau Windows sur Power. Si Microsoft porte des éléments clés de Windows sur PowerPC pour sa console de jeu x360, pourquoi ne le ferait-il pas en effet pour les serveurs. La réponse est comme d'habitude évidente : le marché est bien trop petit. Ironiquement, le plus grand vendeur de systèmes Power et PowerPC dans le monde n'est autre qu'Apple, un constructeur qui aux dernières nouvelles n'est pas vraiment intéressé par Windows.

Depuis un article récent du Wall Street Journal, la rumeur coure en revanche qu'Apple serait de nouveau intéressé par l'architecture x86 et discuterait avec Intel. Apple basculer vers le monde Intel ? Bien sûr la firme à la pomme dispose dans ses laboratoires d'une version de Mac OS X compilée pour la plate-forme x86, couches graphiques comprises. On n'est jamais trop prudent... Il est aussi possible qu'elle veille à compiler une partie de ses applications sur x86. Pour autant, il y a peu de chances que l'on voit des Mac à base de Pentium de sitôt.

Une bascule vers le monde x86, si elle permettrait peut-être d'abaisser le coût des Mac, demanderait en effet un portage massif des applications Power PC vers l'architecture x86. Ce serait simple si la plupart de ces logiciels étaient programmés en utilisant la couche objet Cocoa, héritée de NeXT. Malheureusement, la plupart des applications Mac reposent encore sur l'API Carbon, héritée du vieux Mac OS et intimement lié au jeu d'instruction PowerPC. Un autre problème est l'utilisation massive par Apple et par certaines applications du jeu d'instruction vectoriel Altivec (VMX). L'extension multimédia vectorielle VMX des puces PowerPC n'a pas d'équivalent dans le monde x86.

Autant dire qu'un Macintosh x86 est improbable à court terme. En revanche, rien ne s'oppose à l'apparition de machines plus spécialisées et plus fermées comme des serveurs multimédias ou des media center x86 sous Mac OS X. Car pour ces machines, Apple maîtriserait étroitement l'environnement matériel et logiciel...


mai 31, 2005 dans Apple/Macintosh, Web/Tech | Permalink | Commentaires (1) | TrackBack

Le DRM plombe les coûts des PC

L'un des vilains petits secrets de la gestion des droits numériques est qu'elle à un coût. Lors d'une session technique sur le sujet à WinHEC 2005, un responsable d'ATI a ainsi expliqué à un parterre de développeurs largement goguenards que la protection des contenus numériques audio et vidéo imposera aux constructeurs des surcoûts de plusieurs dizaines de dollars par PC. Protéger les flux numériques à tous les niveaux de la plate-forme requiert en effet l'usage massif de technologies cryptographiques gourmandes en ressources processeur, mais aussi l'ajout de puces à plusieurs éléments critiques de la chaîne multimédia, notamment la carte graphique et la carte son (sans compter les tuners TV, les entrées firewire et USB...).

Pourquoi l'industrie de l'électronique et du PC se soumet-elle a de telles exigences, sachant que tôt ou tard les protections seront cassées? Interrogé à plusieurs reprises sur ce thème par des développeurs, le porte-parole d'ATI n'a pu avancer pour seule justification à cette gabegie que le désir de satisfaire Hollywood. Et d'expliquer que pour que le PC reste un vecteur de diffusion de contenus, les constructeurs devront le sécuriser, sous peine de voir Hollywood et les majors couper les vannes des DVD HD, vidéos et autres musiques en téléchargement. Un point que les fabricants de PC et Microsoft ne sauraient tolérer, à l'heure ou le PC fait enfin une percée dans les salons.

Le clou de la présentation : l'intervention d'un fabricant taïwanais d'écrans TFT signalant au porte-parole d'ATI que l'insertion d'une puce de protection de contenu HDCP dans un moniteur le fait considérer par les douanes américaines comme une TV et donc le soumet à un droit de douane supplémentaire de 5%. Sourire gêné du présentateur : désolé, c'est encore un coût qu'il faudra rajouter à ceux de la liste précédente.

Et quels bénéfices apporteront ces nouvelles technologies à l'utilisateur final ? La réponse est simple : une soumission totale au bon vouloir des studios et des majors pour ce qui est de la consommation des médias et une restriction quasi totale des droits de copie privée (par exemple, la fin ou la restriction des possibilités d'enregistrement de programmes TV). Après 20 ans d'ouverture, le PC ressemble de plus en plus à une prison dorée et il n'est pas dit que le consommateur accepte d'en payer le prix...

mai 10, 2005 dans DRM, Web/Tech | Permalink | Commentaires (3)