Sun prépare une refonte de ses serveurs NAS

On le pressentait depuis quelques mois, Sun devrait largement refondre son offre de serveurs NAS pour tirer parti des capacités de son OS Solaris (support d'iSCSI, système de fichier avancé ZFS) et de certains de ses systèmes, notamment le Sun Fire 4500 ("Thumper"). Lors d'une interview accordée au Monde Informatique dans ses locaux de Menlo Park, en Californie, John Fowler le patron des serveurs de la marque a confirmé que sa division avait hérité de la responsabilité des serveurs NAS de Sun.

L'idée est de s'appuyer sur les serveurs banalisés de la marque et de les équiper d'une version de Solaris complété par une interface d'administration graphique dédiée au fonctions de stockage, à l'instar de ce que propose Microsoft avec Windows Storage Server. Selon Fowler, de nouveaux NAS devraient faire leur apparition dans un avenir proche. Ils s'appuieront sur l'actuel Sun Fire 4500 mais aussi sur une déclinaison allégée et une déclinaison plus musclée du serveur (le Sun Fire 4500 "Thumper" dispose de 48 disques S-ATA). Ils devraient aussi embarquer des capacités d'I/O renforcées, peut-être via l'utilisation du contrôleur Ethernet "Netpune", conçu par la division microélectronique de Sun dans le cadre du développement des puces Niagara 2.

Une interface d'administration orientée stockage pour Solaris

Mais la nouveauté la plus intéressante devrait être l'utilisation d'une version embarquée de Solaris. Sun a beaucoup travaillé sur les fondations de l'OS pour en faire une plate-forme adaptée au stockage. La marque entend notamment s'appuyer sur les fonctions avancées de son système de gestion de fichier 128 bit ZFS (support du Raid 5 et du Raid 6, compression intégrée, gestion avancée de méta-données, snapshots illimités...), sur le support intégré d'SCSI (en mode initiateur et en mode cible),mais aussi sur une nouvelle interface d'administration graphique en cours de développement. Jusqu'alors les fonctions de stockage de Solaris n'étaient administrables que depuis la ligne de commande.

Cette approche devrait permettre à Sun de proposer des systèmes NAS à des tarifs défiant toute concurrence, tout en dopant ses ventes de serveurs. Les futurs serveurs NAS ne seront en effet que des versions optimisées et personnalisées des serveurs Opteron de la marque...

ZFS, le nouveau File System de Sun est enfin prêt

Après des mois de développement, ZFS le système de gestion de fichiers de nouvelle génération de Sun devrait enfin être intégré dans les prochaines versions de Solaris. L'équipe en charge du développement du file System (merci au Register pour le lien) a terminé ses travaux et le logiciel devrait être prochainement disponible via Solaris Express, avant d'être livré en standard avec les futures versions de l'OS UNIX de Sun.

Il est à noter qu'avec ZFS, Sun est le premier éditeur d'OS à fournir un file system natif doté de capacités de virtualisation de stockage. ZFS est un file System 128 bit qui promet entre autres la gestion de volume de très grande capacité avec des performances élevées et une fiabilité totale des données. Pour cela ZFS assure une protection des données par checksum de 64bit. Le système de gestion de fichiers est aussi décrit par Sun comme auto-administrable, au sens où il accomplit lui même l'ensemble des tâches de maintenance et d'optimisation de performance. Une description sommaire des capacités de ZFS est consultable sur le web de Sun.

A propos du rachat de StorageTek par Sun

Ceux qui comme moi se demandaient ce que Sun allait faire des 2 Md$ de cash hérités de la transaction à l'amiable avec Microsoft ont aujourd'hui une réponse. Ce matin, Sun a annoncé le rachat de StorageTek, l'un des leaders mondiaux du stockage et de la sauvegarde pour la somme de 4,1 Md$.

Certains cyniques n'hésiteront sans doute pas à brocarder ce mariage de la carpe et du lapin et gloseront vraisemblablement sur le peu de liens entre un spécialiste vacillant des serveurs et celui que certains considèrent comme un dinosaure de la bande et des grands systèmes. Ce serait pousser la caricature un peu loin.

Tout d'abord StorageTek est rentable, et devrait donc contribuer significativement au retour à l'équilibre de Sun. Ensuite, StorageTek a l'avantage d'être très bien implanté dans les datacenters des plus grandes sociétés mondiales, et à ce titre devrait offrir à Sun une occasion supplémentaire de pousser ses solutions, serveurs et logiciels, auprès des grands comptes. Enfin La société dispose d'une offre très évoluée en matière de gestion du cycle de vie des informations (elle a même inventé le terme) et dispose des équipes services à même de concrétiser cette vision chez les clients.

Pour un Sun, dont l'activité stockage affiche des résultats décevants depuis plusieurs trimestres, le rachat de Storagetek est donc une opportunité de se réhisser au niveau des géants du secteur comme IBM ou EMC. C'est aussi l'occasion de recrédibiliser son offre pour les datacenters. En ces temps où l'image joue un rôle important dans les décisions d'achat, ce ne sera sans doute pas de trop pour aider Sun à se relancer...

EMC s'apprête à dévoiler son "Storage Router"

Je serai la semaine prochaine à l'EMC Technology Summit (ETS) de la Nouvelle Orléans, à l'invitation du constructeur. Je l'avoue, le monde du stockage me fascine. Il reste un vaste terrain d'innovation, donc d'apport de valeur ajoutée pour les clients, et fait l'objet d'une concurrence forte entre des constructeurs significatifs (EMC, HDS, HP, IBM, NetApp pour ne citer qu'eux) et une multitude de startups. On est loin de l'ennui que m'inspire de plus en plus le monde des serveurs x86, même si j'avoue une faiblesse pour l'ingéniosité d'AMD avec ses architectures 64 bits et son bus Hypertransport.

Dans le cas présent, l'un de mes attraits pour l'ETS est l'annonce officielle d'Invista, l'appliance de virtualisation de stockage d'EMC, jusqu'alors connue sous le nom de code Storage Router. J'espère aussi en apprendre un peu plus sur l'évolution de VMWare dans les mois à venir.

Les premiers détails sur Invista ont déjà commencé à filtrer. EMC a opté pour une approche "off band", qui nécessite l'utilisation de commutateurs Fibre Channel intelligents signés Brocade, Cisco, ou McData . Son appliance combine deux contrôleurs redondants - qu'EMC appelle des Control Path Clusters – chargés de faire tourner le logiciel de virtualisation maison, Element Manager.

L'appliance promet de simplifier l'administration du stockage et permettant de virtauliser des pools de ressources provenant de baies différentes. Mais elle devrait surtout permettre de réaliser en temps réel et de façon transparentes des opérations jusqu'alors périlleuses comme le déplacement d'un LUN entre deux baies sans disruption des opérations. Il devrait aussi être possible de cloner un volume de production pour disposer d'une image miroir synchronisée Celle-ci pourra à tout moment être détachée et mise à disposition, par exemple, d'un environnement de développement.

Avec Invista, EMC vise à répondre aux besoins de grands comptes et le prix de l'appliance (140 000$ hors achat des commutateurs intelligents) est à la hauteur. Si Invista tient ses promesses, ce prix ne devrait pas être un obstacle pour la cible visée. EMC devra toutefois convaincre que son approche est supérieure à celle du San Volume Controler d'IBM, à celle du Tagmastore d'HDS ou aux V-Series (ex- Gfiler) de NetApp. Quelque chose me dit que l'on a pas fini d'entendre parler de virtualisation de stockage dans les mois à venir...

Pour la virtualisation de bandes, les géants du stockage s'adressent à des spécialistes

Lors du lancement de ses solutions de virtualisation de bande (VTL) DL 300 et DL 700, en septembre 2004, EMC s'était déjà adressé à un spécialiste, FalconStor. Il avait pour l'occasion repris l'essentiel du code d'IPStor pour l'embarquer dans une appliance à base de processeur Xeon, couplée à un Clariion CX300 ou à un Clariion CX700. NetApp, qui avait commencé par travailler en partenariat avec Alacritus sur sa solution de VTL, a finalement pris la décision radicale d'acquérir la petite start-up et son logiciel Securitus. le constructuer met ainsi la main sur un logiciel capable de fonctionner aussi bien sur une appliance qu'au coeur d'un commutateur intelligent. Pour ne pas être en reste, HP a lui aussi fait le choix de se tourner vers une start-up pour sa solution VTL. L'appliance VTL S2100 de Sepaton (une anagramme de No Tapes) devrait ainsi être au coeur de la librairie virtuelle StorageWorks 6000 qu'HP annoncera la semaine prochaine à Las Vegas.

L'amour soudain des géants du stockage sur disque pour les startup du VTL tient bien sûr au sucès que rencontre ces solutions auprès des grands clients mais aussi à la technicité que requièrent ces applications. Les startups spécialisées dans le VTL apportent ainsi une expertise de plusieurs années dans l'émulation de librairies, et notamment dans les systèmes de gestion de fichiers afin d'optimiser les performances de transfert, mais aussi de contourner les limitations des systèmes de gestion de fichiers traditionnels. La plupart des systèmes VTL disposent ainsi d'un File System optimisé pour le streaming de grands volumes de données : exemple type, JOS, le système de fichier journalisé développé par Alacritus pour son système Securitus a été optimisé pour stocker et gérer de grands objets et pour l'écriture de données séquentielles.

Faut-il acheter son NAS NetApp chez IBM ?

En étudiant la stratégie NAS d'IBM au cours des trois dernières années, un observateur du marché peut rapidement avoir le tournis. A Windows Storage Server, a tout d'abord succédé Linux, puis un accord de distribution avec NetApp pour ses G-Filers (aujourd'hui rebaptisés V-Series)... Depuis la semaine passé, la situation est plus claire. IBM n'a plus de stratégie NAS, au moins sur le plan technologique. Big Blue va en effet OEMiser une large partie de la gamme de NetApp et la revendre sous sa propre marque.

L'alliance nouée entre les deux constructeurs clarifie la donne pour les clients de Big Blue, en tout cas ceux qui ne sont pas passés entre temps chez EMC ou NetApp. Elle donne aussi une petite idée du niveau d'exaspération de Big Blue face à son concurrent d'Hopkinton. Comme au début des années 2000, IBM semble être reparti en croisade contre sa némésis, EMC, dont la croissance est, il est vrai insolente.

Reste que si j'étais client, je m'interrogerais à deux fois avant d'acheter mes NAS chez Big Blue. Pourquoi en effet aller chez le distributeur quand on peut se servir chez le constructeur d'origine ? D'autant que la collaboration entre les deux sociétés laisse largement en suspens la question de la virtualisation.

L'approche d'un NetApp, au moins pour les services de fichiers en réseau, est extrémement séduisante. Elle a le mérite de la simplicité et de la cohérence face aux approches d'IBM et d'EMC. Big Blue, tout à la promotion de ses propres solutions de virtualisation (SVC et San File System), n'est sans doute pas le meilleur interlocuteur pour en parler.

Bref, achter son NAS Netapp chez IBM, c'est risquer de perdre certains des atouts propres à l'offre NetApp. Et si vous aviez à faire un choix, que feriez-vous ?

Quand Apple bat Dell et EMC à leur propre jeu

J'ai déjà eu l'occasion de l'écrire dans ce blog, Apple m'étonne par la qualité de ses solutions professionnelles. J'ai récemment eu l'occasion de passer deux jours dans le showroom de la marque à Paris pour un séminaire de présentation de ses solutions serveurs et notamment de la baie XServe Raid et du système de fichier en réseau XSan. Après 12 heures de briefing et d'ateliers techniques, j'avoue que les solutions présentées m'ont séduit par leurs performances, leur simplicité d'administration mais surtout par leur excellent rapport performance/coût.

Alors que Dell et EMC s'extasient d'avoir amené l'AX100 sous la barre des 10000 € HT (pour une configuration de base mono-contrôleur à 1Go), Apple propose son XServe Raid avec deux contrôleurs Raid 5 redondants et une capacité de 2,6 To pour 7500 € HT. Une version complète avec 14 disques ATA (5,2 To) est vendu pour 11000€ TTC. Le tout est certifié pour fonctionner sous Windows, Linux et Mac OS X ainsi qu'avec les commutateurs Fibre Channel de Brocade, Qlogic, Emulex et Cisco. L'interface d'administration est quant à elle multiplates-formes, car écrite en Java. Résultat, le XServe Raid s'implante naturellement chez les clients Apple (notamment dans le monde de l'éducation de la vidéo et de l'édition) mais aussi chez des clients bien moins sensibles aux charmes usuels de la pomme, comme Cisco (qui stocke sa messagerie mondiale sur XServe Raid) ou Oracle (qui recommande le XServe Raid dans le cadre de son initiative "Low Cost").

Mais Apple ne se contente pas du simple matériel. Convauncu de l'intérêt du SAN, la firme a porté sur Mac OS X le système de fichier SAN conçu par ADIC et l'a rebaptisé XSan. Ce File System réseau reste compatible avec les implémentations d'Adic sur Windows, Linux et Unix et permet de virtualiser les baies XServe Raid. Résultat, une souplesse d'administration et des performances surprenantes. Le tout pour un prix défiant toute concurrence, 999 € par poste. Pour Apple, XSan est bien sûr la clé d'entrée pour des métiers liés à son coeur de cible, comme le broadcast vidéo, ou le stockage pour les clusters. Mais XSan est aussi un atout précieux pour aider la firme à séduire les entreprises.

En combinant ses technologies propriétaires et le meilleur des technologies Open Source, Apple montre qu'une voie du milieu est possible. Le message devrait sans doute être répété lors du lancement de Mac OS X Server 10.4 ("Tiger") et lors du lancement de futurs serveurs dotés des prochains Power PC bi-coeur d'IBM. L'occasion peut-être pour certaines entreprises de regarder une nouvelle fois une plate-forme que l'on avait pris l'habitude d'ignorer....