L'ouverture du PC : le cauchemar de Microsoft et de Vista…
J'ai récemment pu observer un ami s'arracher les cheveux en essayant d'installer puis d'utiliser Windows Vista sur une machine de dernière génération. Pendant près de 2 jours, le nouvel OS a tout simplement refusé de s'installer, butant obstinément sur la reconnaissance des périphériques de la machine. Le coupable : une carte de mémoire Flash ReadyBoost, cette nouvelle génération de cartes flash soutenue par Microsoft comme un moyen d'améliorer les performances de Windows Vista sans avoir à ouvrir la machine pour installer une barrette de mémoire. L'installation a finalement repris qu'une fois la carte ReadyBoost retirée ….
L'ironie veut qu'une technologie Microsoft soit venue en échec d'une autre technologie de la marque. Mais elle n'est que la traduction anecdotique d'un phénomène inquiétant. Plate-forme ouverte, le PC est à bout de souffle à force de bricolages, de subtiles évolutions et améliorations. Contrairement à ce que disent les constructeurs, les machines les plus récentes ne sont pas des Ferrari, mais ressemblent plus à des 2 CV transformées en dragster à force de travail d'un garagiste mexicain givré de la banlieue de Los Angeles.
Le PC : Nouveau monstre de Frankenstein
En voulant préserver à tout prix la compatibilité avec l'existant sans oser refondre en profondeur l'architecture du PC, Intel, Microsoft et les fabricants de PC ont créé un nouveau monstre de Frankenstein, qui fait cohabiter technologies de dernière génération et les oripeaux du PC à l'ancienne (gestion des IRQ, concept de Bios antédiluvien…). Et comme si cela ne suffisait pas, Windows doit gérer des milliards de combinaisons de composants (chipset, cartes graphiques, bios, cartes son…) d'origine et de qualité très variées et orchestrer leur fonctionnement pour obtenir quelque chose de fonctionnel. Demander la perfection serait illusoire : Que le PC fonctionne dans ces conditions est déjà un miracle…
D'une certaine façon Microsoft aurait beaucoup à apprendre d'Apple. Les nouveaux Mac Intel sont ce que devrait être un PC moderne. Ils n'ont pas de BIOS (Apple a adopté les nouveaux firmware EFI) et du fait du contrôle draconien que s'impose Apple, la combinatoire de composants que doit gérer Mac OS X est limitée. Résultat, l'installation ou la mise à jour d'un Mac Intel se fait en un tournemain, y compris avec les bêtas de Leopard. Bien sûr le prix à payer pour cette stabilité est qu'Apple exerce un contrôle total(itaire ?) sur la plate-forme matérielle. J'ai toutefois appris à considérer que ce n'est pas une mauvaise chose. Comme de ma voiture, j'attend de mon ordinateur qu'il fonctionne sans souci. Et que je sache, je n'ai jamais demandé à mon garagiste de me fournir une voiture "ouverte".
Il ne tient qu'à Microsoft d'en faire autant. A l'origine, Vista ne devait accepter que les pilotes signés et certifiés et abandonner le Bios pour l'EFI. En renonçant à cette ambition (du moins dans le monde 32 bit) , Microsoft s'est encore une fois tiré une balle dans le pied. Pas sûr que la plaie se referme de sitôt…
janvier 22, 2007 dans Apple/Macintosh, Postes clients | Permalink | Commentaires (7) | TrackBack
De l'iPhone et de l'innovation (la vraie…)
Interrogé sur la menace que pourrait constituer pour Nokia l'iPhone, le nouveau téléphone mobile d'Apple, un porte-parole du fabricant finlandais a rapidement relégué le terminal de la firme à la pomme au rang de dinosaure : "il n'est même pas 3G" a ainsi commenté le Finlandais…
La réponse illustre bien la mentalité de l'industrie de la téléphonie mobile pour laquelle la bataille de l'innovation s'est pour l'essentiel résumée à une course aux performances et au fonctionnalités aux cours des dernières années. Certes la 3G, la vidéo, la gestion de la présence sont des améliorations techniques importantes. Le problème c'est qu'en mettant l'accent sur le toujours plus, les acteurs de la mobilité, et singulièrement, les fabricants de terminaux ont délaissé l'ergonomie.
Il n'en fallait pas plus pour ouvrir une brèche à Apple. Fidèle à la réputation de la marque en termes d'interface, l'iPhone a de quoi faire honte aux Nokia, Microsoft, Motorola et autres Samsung et ceux d'autant plus qu'il est le premier téléphone jamais produit par la firme à la pomme. Apple a en quelque sorte réalisé l'impossible : Tout d'abord, la firme a développé en interne et dans des délais record une version mobile de son OS pour processeurs ARM (à titre de rappel, il a fallu plus de 5 ans à Microsoft pour que son OS Windows Mobile devienne utilisable sur un téléphone). Ensuite, la firme à conçu une interface graphique optimisée pour terminaux nomade, baptisée Multi-touch, qui renvoie Windows Mobile et autres UIQ et Series 60 (les deux principales interfaces Symbian) à l'âge de pierre. Enfin, l'iPhone est aussi un iPod vidéo haut de gamme , un appareil photo et un terminal internet avancé, le tout pour un prix équivalent à celui d'un N91, le téléphone MP3 de Nokia.
Nul ne peut prédire si l'iPhone sera un succès commercial. Mais son lancement est dans tous les cas un pas en avant pour les utilisateurs. Il devrait en effet pousser les Microsoft et Nokia de ce monde à repenser l'ergonomie des téléphones mobiles, des équipements dont nombre d'analystes prédisent qu'ils sont les ordinateurs de demain.
janvier 12, 2007 dans Actualité, Apple/Macintosh, Postes clients | Permalink | Commentaires (2) | TrackBack
Apple : le business de l'iPod ressemble de plus en plus à celui des opérateurs mobiles
En moins de cinq ans, Apple a réussi à convaincre près de 40 millions d'utilisateurs d'adopter ses baladeurs numériques iPod. 40 millions d'utilisateurs, soit plus que le nombre d'abonnés combinés d'Orange, SFR et Bouygues Télécom. Et cette base installée progresse à vitesse exponentielle. Au rythme actuel, Apple pourrait passer la barre des 100 millions d'utilisateurs d'ici la fin 2006.
L'intéressant pour la firme à la pomme est que les acheteurs d'iPod ressemblent de plus en plus à des abonnés. Une fois leur terminal acheté, ils acquièrent des accessoires, des morceaux de musiques, des vidéos, etc. générant ainsi de confortables revenus additionnels. Sa base installée, permet aussi à la firme à la pomme de se positionner comme un intermédiaire incontournable pour la distribution de contenus numériques. Avec 83% du marché de la musique en ligne aux USA et près des 2/3 des marchés anglais et japonais, par exemple, la firme à la pomme est devenu le passage obligé pour tous les producteurs de contenus numériques audio ou vidéo qui souhaitent mettre leurs productions à la disposition du plus grand nombre. Au passage, Apple prend sa commission à la façon d'un opérateur télécom, une commission qui vient en quelque sorte doper l'ARPU par utilisateur d'iPod. Et les chiffres sont impressionnants. en 2006, Apple devrait vendre plus d'un milliard de morceaux de musique (à 99 centimes le morceau).Pour peu que le nano se convertisse lui aussi à la vidéo, la firme pourrait aussi faire un carton dans la vidéo. Au cours des trois derniers mois de l'année 2005, avec une base installée relativement restreinte d'iPod vidéo, elle a réussi à vendre 8 millions de clips vidéos. A titre de comparaison, SFR a vendu 340 000 chansons via son réseau 3G en décembre et 4,3 millions de sessions TV-vidéo sur l'ensemble de l'année 2005...
Si la progression exponentielle actuelle se poursuit, Apple pourrait devenir l'égal des plus grands opérateurs télécoms ou des plus grands groupes de média pour ce qui est de la fourniture de contenus numériques. Loi de Moore aidant, le prix de ses iPod devrait continuer à baisser dans les années à venir tandis que les revenus issus des contenus continueront à progresser, transformant peu à peu la firme d'un fabricant de terminaux en un groupe de diffusion de contenus. On comprend mieux pourquoi Vivendi, Warner et consorts ont le sommeil difficile. Et si par hasard Apple avait la bonne idée de transformer ses iPod en téléphones mobiles et de devenir MVNO, ce pourrait être au tour des opérateurs télécoms d'avoir des sueurs froides...
janvier 12, 2006 dans Apple/Macintosh | Permalink | Commentaires (2) | TrackBack
Recherche PowerPC 970MP... désespérément
Apple a annoncé hier ses premiers Power Mac équipés d'une puce Power PC 970 bi-coeurs. La puce est a priori un dérivé de l'actuel PowerPC 970, mais s'en différencie par l'intégration de deux coeurs et par un doublement de la taille du cache de niveau 2 rattaché à chaque coeur. Conséquence de ces améliorations, un Power Mac équipé d'une puce bi-coeurs à 2,3 GHz affiche, selon Apple, des performances équivalentes à celle des précédents biprocesseur à 2,5 GHz.
Le seul problème est que la puce utilisée, vraisemblablement un PowerPC 970 MP n'a aucune existence officielle dans la littérature de Big Blue. Son arrivée était pourtant attendue (la puce pourrait venir doper les lames PowerPC du châssis BladeCenter), mais deux jours après l'annonce d'Apple, Big Blue ne l'a toujours ni référencée ni documentée sur son site microélectronique (www.ibm.com/chips). Pire, le moteur de recherche du site n'en trouve aucune mention, pas plus que Google d'ailleurs (le 970 MP n'est évoqué pour l'essentiel que par les sites de rumeurs Mac). Impossible donc de connaitre en détail les avancées apportées par Big Blue a son dernier-né.
Pourtant, si l'on se base sur les performances affichées par Apple, le PowerPC 970 MP est un petit prodige, digne des prouesses d'un Opteron. Ainsi alors qu'Intel a été contraint de rabaisser la fréquence des coeurs de son Xeon bi-coeur à 2,8 GHz contre 3,8 Ghz pour les versions mono-coeur, Big Blue s'est payé le luxe de ne perdre que 200 MHz et il semble que le doublement du cache ait compensé la perte de performance induite par le recul de la fréquence. Autre atout du petit dernier, il supporte un bus externe cadencé à 1,35 GHz, la mémoire DDR2 à 533 MHz (y compris la mémoire ECC) et est couplé à un chipset supportant le PCI Express. Autant de caractéristiques qui font qu'on devrait tôt ou tard le voir apparaitre dans les serveurs de la marque.
Pour ne rien gâter, la puce semble être économique. Ainsi le Power Mac G5 quad (2 puces PowerPC bi-coeur à 2,5 GHz), paré de 2 Go de Ram et d'une carte 3D Quadro FX 4500 de Nvidia, se paie le luxe d'être 40% moins cher qu'une station de travail Dell équipée d'un processeur Xeon bi-coeur et d'une carte Nvidia Quadro FX 4400.
De quoi s'interroger un peu plus sur les raisons, qui ont poussé Apple à annoncer l'abandon prochain des puces PowerPC pour les puces Intel...
octobre 21, 2005 dans Actualité, Apple/Macintosh | Permalink | Commentaires (4) | TrackBack
Le DRM m'agace
Cette fois, le DRM commence vraiment à m'agacer. Entre les ordinateurs portables et fixes, professionnels et personnels utilisés par ma femme, mes enfants et moi, la maison comptait jusqu'alors 2 Mac et 3 PC, tous équipés d'Itunes. Pour l'essentiel ma collection de MP3 est composée des morceaux ripés de mes quelque 400 CD-Audio, mais j'ai aussi acquis l'équivalent de 5 ou 6 albums en moins d'un an sur le magasin en ligne d'Apple, tous protégés par DRM. Je l'avoue j'étais jusqu'alors heureux de la situation. Mais l'arrivée du 6e ordinateur, un Mac Mini, m'a fait toucher du doigt les limites prévues par Apple dans son DRM Fairplay.
Du fait des limitations imposées par les majors, le dernier arrivé n'a pas le droit d'écouter les morceaux que j'ai pourtant acquis légalement, à moins de vouloir jongler en permanence avec les autorisations/déautorisations d'ordinateurs . Officiellement, la limite à 5 ordinateurs est jugée raisonnable ("Fair") par Apple. Moi aussi, je la trouvait plutôt raisonnable jusqu'alors. Maintenant que j'ai dépassé le plafond fixé, elle m'agace prodigieusement - pour rester poli.
Autant je peux comprendre le besoin de protection de contenus émis par certains auteurs afin d'éviter la diffusion illégale tout azimut de leurs oeuvres (après tout je vis moi aussi de mes écrits et de leurs droits), autant la limitation d'utilisation imposée par la cupidité des majors me paraît illégitime, pour ne pas dire en contradiction avec l'esprit, sinon la lettre de la législation française. Seule solution de contournement (excepté dégrader la qualité audio en passant par une gravure sur CD et un nouveau RIP) faire sauter le DRM Apple en utilisant le petit utilitaire développé par Jon johansen, déjà réputé pour avoir développé DeCSS, l'algorithme qui a permis de casser la protection des DVD. Ca marche parfaitement, mais j'avoue qu'il est quand même paradoxal de recourir à une telle méthode sur des morceaux achetés légalement... de plus le procédé deviendra parfaitement illégal et même criminel dès que notre joyeux ministre de la culture (pourtant étiqueté libéral) fera voter sa loi sur la protection des droits d'auteurs
Canal plus se vautre dans le DRM
Autre moment d'agacement le lancement par Canal+ de CanalPlay, son bouquet cinéma à la séance sur Internet. Comme il fallait s'y attendre - les différentes filiales de Vivendi ont un historique chargé d'utilisation de la gestion de droits numériques-la chose fait abusivement usage du DRM Windows et donc ne fonctionne ni sur Mac ni sous Linux. Pire, ses tarifs sont prohibitifs. La location d'un film pour 24h revient ainsi à 4,99 € (3€ en promotion) , soit bien plus cher que chez un loueur de DVD. Un vrai paradoxe quand on se dit que toute la chaîne de CanalPlay est dématérialisée. Bien sûr, regarder le film loué sur une TV relève du parcours du combattant, à moins de disposer d'un des très coûteux PC Media Center. Et autant ne pas se faire d'illusions sur les possibilités d'enregistrer le programme loué en Pay-per-view, ce qu'il est pourtant possible de faire, très simplement, avec le système de Pay-per-view Kiosque de CanalSatellite. On vous le dit et on vous le répète, le numérique apporte de vrai progrès... On se demande pour qui...
SanDisk encarte le DRM
Enfin, dernier coup de gueule, SanDisk a aujourd'hui annoncé le lancement de ses cartes "Grüvi" à base de technologie Trusted Flash. Pourquoi trusted ? tout simplement parce que la carte incorpore son propre crypto-processeur et un DRM embarqué. Mis à part les aléas d'utilisation (il faut un lecteur bien spécifique signé Packet video), je frémis encore au prix de l'unique album musical aujourd'hui disponible sur la chose, l'album "a Bigger Bang" des Stones. On dit que la valeur des ans n'attend pas, mais à 40 $ l'album verrouillé sur une carte avec un DRM propriétaire, je trouve que cela fait un peu cher, et surtout pas très... "grüvi"!
septembre 28, 2005 dans Actualité, Apple/Macintosh, DRM | Permalink | Commentaires (9) | TrackBack
Standards : les miens sinon rien
Pourquoi se casser la tête avec les standards lorsque l'on est puissant. A bien y regarder c'est ce que l'on peut se demander en analysant les décisions récentes de deux des fournisseurs les plus puissants du monde informatique (avec des minuscules), Microsoft et Intel.
Microsoft veut fusionner le Web et Windows
Le premier a profité de sa conférence développeur de Los Angeles (PDC 2005) pour étaler un arsenal impressionnant (si, si) de technologies, mais aussi pour balayer d'un revers de main près de 10 ans de rêve d'un web basé sur des standards. La recommandation du géant aux développeurs et particulièrement au développeurs web : développez en utilisant les technologies natives de Vista, vos sites pourront tirer parti des capacités de rendu 2D et 3D de l'OS et vous pourrez enfin bâtir des interfaces client riche pour le web (cf pour cela les présentations des outils de la gamme Expression).
Le problème de cette démarche, comme d'ailleurs celle de Macromedia avec Flash, est qu'elle s'assoit sur tous les travaux de normalisation menés depuis des années au W3C. Dans le cas de Microsoft, c'est encore pire puisque implicitement, l'éditeur envoie le message subliminal suivant : dans les 2 ans qui suivront le lancement de Vista, 500 millions de PC neufs et près de 200 millions de vieux PC pourraient utiliser l'OS, soit une large portion du parc mondial. Pourquoi dès lors faire des efforts pour supporter ces vieilles casseroles sous Linux, ou Mac OS ou Windows 98?
Je sais, j'exagère : Microsoft fournira un plug-in WPF (Windows Presentation Foundation) pour Mac, ce qui permettra aux machines de Steve Jobs de bénéficier d'une partie des "merveilles" de Vista. Personnellement, j'ai déjà connu ce genre de promesses, il y a dix ans, lorsque Microsoft avait annoncé le portage d'Active X sur Mac . Le résultat : même l'éditeur avait été infoutu d'adapter ses propres sites pour les rendre compatibles Mac. Les promesses, n'engagent que ceux...
A plusieurs reprises, j'ai posé la question de savoir ce qui se passerait pour les utilisateurs de plates-formes non Microsoft, s'ils arrivaient sur des sites conçus pour tirer parti de WPF. J'avoue que l'absence de réponse de mes interlocuteurs ne m'a pas rassuré. Si Microsoft parvient à imposer WPF comme cible pour un large parc de développeurs Internet, le web sera sans doute plus animé, plus saturé d'effets 3D et plus convivial. Seul problème, il sera aussi moins accessibles depuis toutes les plates-formes concurrentes (vous avez dit Linux ?). En fait, il ne s'agira plus à proprement parler du web, mais de l'internet à la sauce Windows.
Intel menace d'entraver l'apparition de 802.11n, le futur Wi-Fi rapide
Toujours à propos de standards, Intel a, de son côté, joué de ses muscles pour envoyer un message d'une subtilité douteuse à ses concurrents dans le monde Wi-Fi. Alors que le constructeur semblait avoir accepté un compromis dans le développement du standard 802.11n (le Wi-Fi ultra-rapide destiné à succéder à 802.11 a et g), compromis qui aurait permis l'apparition d'un standard dans le courant 2006, il vient tout simplement de faire bande à part avec quelques autres constructeurs.
Résumé du feuilleton : En août, les différentes factions en compétition pour 802.11, TGnSync, appuyé notamment par Intel, et WWise, appuyé notamment par Airgo, se mettent d'accord pour fusionner leurs propositions. Objectif définir dès le mois de novembre une base commune pour former le futur standard. Réjouissances générales, un conflit qui menaçait de fractionner les standards Wi-Fi touche à sa fin.
Le problème est que ce feuilleton idyllique à une suite, moins rose. La semaine dernière, Intel a réussi à convaincre Broadcom, Atheros et Marvell de le rejoindre pour faire une contre-proposition à la réunion de l'IEEE de novembre. Une manœuvre digne du pire épisode de Dallas : le groupe a en effet pris le soin d'exclure, Airgo, la petite start-up qui a devancé tous les grands sur le marché des technologies d'antennes multiples MIMO et dont la technologie devait former la base du futur standard (Airgo est le constructeur qui fournit les puces qui équipent les équipements MIMO de Linksys et Belkin).
Pourquoi une telle manœuvre : En innovant et en prenant des risques, Airgo a pris une longueur d'avance sur les historiques du Wi-Fi, dont Intel, Marvell, Broadcom et Atheros, qui contrôlent plus des trois quart des livraisons de chipset Wi-Fi dans le monde. En tentant par tous les moyens de faire évoluer le standard de consensus, les poids lourds du marché ne souhaitent pas vraiment faire évoluer le standard, mais tout bêtement le contrôler afin de protéger leurs parts de marché. C'est texto l'analyse du cabinet ABI, qui explique que si Intel, Broadcom, Atheros et Marvell, "qui ont pris du retard pour amener le multiplexage spatial au marché, peuvent faire évoluer la proposition de standard, Airgo devra revoir en profondeur son design", donc perdre son avance.
Les plus cyniques remarqueront qu'Intel n'en est pas à son coup d'essai. Il s'est déjà entendu ave Cisco pour développer un jeu d'extensions propriétaires à Wi-Fi pour améliorer la sécurité et la gestion radio dans l'espoir dans faire un futur standard (de fait). Il a, par ailleurs, réussi à semer une belle zizanie dans le processus de normalisation (avorté) d'UWB. D'autres se rappelleront qu'après s'être engagé derrière Firewire dans le courant des années 90, Intel a largement contribué à sa déchéance, en abandonnant l'intégration du standard dans ses chipsets, pour développer et pousser à tout prix USB. Le premier avait l'inconvénient d'avoir été développé par Apple et TI et de supporter des frais de licences. Le second entièrement contrôlé par Intel ne coûtait rien au fondeur et lui permettait de faire avancer son agenda.
Standards : antichambre des monopoles
J'avoue mon intérêt profond pour les standards ouverts. Mais de plus en plus, je constate que trop de standards définis au sein de l'IEEE, mais aussi de l'ETSI, obéissent à des logiques commerciales et de protection de marché. Ils sont devenus des outils de contrôle de marché pour des monopoles ou oligopoles en quête de protection demarché. A tel point, qu'il serait sans doute bon que les autorités de régulation de la concurrence commencent à s'intéresser de près à certains processus de normalisation. Certains standards en discussion aujourd'hui pourraient en effet permettre à certains de conforter leur main mise sur des marchés ou de développer de nouveaux et lucratifs monopoles...
septembre 25, 2005 dans Actualité, Apple/Macintosh, Réseaux & Télécoms, Web/Tech | Permalink | Commentaires (4) | TrackBack
Apple en compote dans les entreprises ? Pas si sûr
Depuis qu'Apple a annoncé sa bascule vers le monde Intel, j'ai a peu près tout lu en matière de prédictions apocalyptiques sur l'avenir de la firme. Certains de mes confrères, y compris au Monde Informatique, n'hésitent ainsi pas à pronostiquer la fin d'Apple dans les entreprises. La raison : alors que les XServe commençaient à séduire les entreprises, Apple aurait "trahi" leur confiance en annonçant la bascule du PowerPC vers Intel. une preuve supplémentaire qu'Apple est un fournisseur imprévisible, en quelque sorte. Résumons nous : Jusqu'alors Apple n'était pas crédible dans l'entreprise parce que son architecture était différente. Désormais, il ne le serait plus parce qu'il adopte l'architecture majoritaire ?
A mon sens, tout cela fleure bon la chasse aux sorcières ou les habituelles vieilles rancoeurs...
Tout d'abord parce que la bascule ne sera pas brutale mais se fera sous la forme d'une transition douce. Les serveurs ne devraient pas être affectés par le passage aux architectures Intel avant la mi-2007, sinon la fin 2007, soit dans deux ans et demi. On ne peut pas dire qu'Apple prend ses clients professionnels par surprise...
Ensuite, parce que ce qui fait l'intérêt principal du XServe est la licence illimitée de Mac OS X Server associée au serveur et non pas l'architecture processeur utilisée. A priori, la stratégie d'Apple en la matière ne devrait pas évoluer, préservant l'attractivité de l'offre du constructeur.
En clair, je suis de ceux qui pensent que la bascule vers Intel ne peut que profiter à Apple. Elle permettra à la firme d'étendre à terme son offre serveur en travaillant, comme les autres grands du serveur x86, avec l'un des multiples OEM du marché. Elle devrait de plus permettre l'élargissement du portefeuille applicatif serveur de Mac OS X en facilitant les portages. Bref pour les clients serveurs d'Apple la bascule vers l'architecture X86 raisonne plutôt comme une bonne nouvelle que comme une menace. Ceci dit, si vous êtes client entreprise d'Apple et que votre opinion diverge votre avis m'intéresse (soit via ce blog soit par e-mail).
P.S. :En fait, le seul secteur qui peut se sentir "trahi" est le monde du calcul qui a généralement choisi le XServe pour les performances en calcul de la puce G5 (et notamment de son unité de calcul vectoriel Altivec ou VMX). Mais ces clients, notamment dans le monde du calcul génétique, disposent d'une alternative et peuvent se tourner vers IBM et ses lames PowerPC G5 (BladeCenter GS20) en remplacement de leurs XServe G5.
juillet 4, 2005 dans Apple/Macintosh, Serveurs | Permalink | Commentaires (1) | TrackBack
Windows sur Power ? et pourquoi pas Mac OS X sur x86...
Windows sur PowerPC. Rares sont ceux qui se rappellent encore de cet animal, qui a brièvement vécu lors de la préhistoire de Microsoft, à l'ère de NT, alors que le système fonctionnait encore sur les architectures Alpha, MIPS et x86. La bête s'est éteinte au milieu des années 90, lorsque la division d'IBM, en charge des PC et des serveurs a décidé de tirer une balle dans le pied de celle en charge des processeurs en abandonnant toute idée de commercialiser des PC et serveurs à base de Power PC, pour se concentrer sur les grands serveurs Power. Certains semble-t-il sont nostalgiques.
Ainsi Frank Soltis, l'architecte des serveurs iSeries (ex AS400) de Big Blue a récemment fait un appel du pied à Microsoft pour porter de nouveau Windows sur Power. Si Microsoft porte des éléments clés de Windows sur PowerPC pour sa console de jeu x360, pourquoi ne le ferait-il pas en effet pour les serveurs. La réponse est comme d'habitude évidente : le marché est bien trop petit. Ironiquement, le plus grand vendeur de systèmes Power et PowerPC dans le monde n'est autre qu'Apple, un constructeur qui aux dernières nouvelles n'est pas vraiment intéressé par Windows.
Depuis un article récent du Wall Street Journal, la rumeur coure en revanche qu'Apple serait de nouveau intéressé par l'architecture x86 et discuterait avec Intel. Apple basculer vers le monde Intel ? Bien sûr la firme à la pomme dispose dans ses laboratoires d'une version de Mac OS X compilée pour la plate-forme x86, couches graphiques comprises. On n'est jamais trop prudent... Il est aussi possible qu'elle veille à compiler une partie de ses applications sur x86. Pour autant, il y a peu de chances que l'on voit des Mac à base de Pentium de sitôt.
Une bascule vers le monde x86, si elle permettrait peut-être d'abaisser le coût des Mac, demanderait en effet un portage massif des applications Power PC vers l'architecture x86. Ce serait simple si la plupart de ces logiciels étaient programmés en utilisant la couche objet Cocoa, héritée de NeXT. Malheureusement, la plupart des applications Mac reposent encore sur l'API Carbon, héritée du vieux Mac OS et intimement lié au jeu d'instruction PowerPC. Un autre problème est l'utilisation massive par Apple et par certaines applications du jeu d'instruction vectoriel Altivec (VMX). L'extension multimédia vectorielle VMX des puces PowerPC n'a pas d'équivalent dans le monde x86.
Autant dire qu'un Macintosh x86 est improbable à court terme. En revanche, rien ne s'oppose à l'apparition de machines plus spécialisées et plus fermées comme des serveurs multimédias ou des media center x86 sous Mac OS X. Car pour ces machines, Apple maîtriserait étroitement l'environnement matériel et logiciel...
mai 31, 2005 dans Apple/Macintosh, Web/Tech | Permalink | Commentaires (1) | TrackBack
Quand Apple bat Dell et EMC à leur propre jeu
J'ai déjà eu l'occasion de l'écrire dans ce blog, Apple m'étonne par la qualité de ses solutions professionnelles. J'ai récemment eu l'occasion de passer deux jours dans le showroom de la marque à Paris pour un séminaire de présentation de ses solutions serveurs et notamment de la baie XServe Raid et du système de fichier en réseau XSan. Après 12 heures de briefing et d'ateliers techniques, j'avoue que les solutions présentées m'ont séduit par leurs performances, leur simplicité d'administration mais surtout par leur excellent rapport performance/coût.
Alors que Dell et EMC s'extasient d'avoir amené l'AX100 sous la barre des 10000 € HT (pour une configuration de base mono-contrôleur à 1Go), Apple propose son XServe Raid avec deux contrôleurs Raid 5 redondants et une capacité de 2,6 To pour 7500 € HT. Une version complète avec 14 disques ATA (5,2 To) est vendu pour 11000€ TTC. Le tout est certifié pour fonctionner sous Windows, Linux et Mac OS X ainsi qu'avec les commutateurs Fibre Channel de Brocade, Qlogic, Emulex et Cisco. L'interface d'administration est quant à elle multiplates-formes, car écrite en Java. Résultat, le XServe Raid s'implante naturellement chez les clients Apple (notamment dans le monde de l'éducation de la vidéo et de l'édition) mais aussi chez des clients bien moins sensibles aux charmes usuels de la pomme, comme Cisco (qui stocke sa messagerie mondiale sur XServe Raid) ou Oracle (qui recommande le XServe Raid dans le cadre de son initiative "Low Cost").
Mais Apple ne se contente pas du simple matériel. Convauncu de l'intérêt du SAN, la firme a porté sur Mac OS X le système de fichier SAN conçu par ADIC et l'a rebaptisé XSan. Ce File System réseau reste compatible avec les implémentations d'Adic sur Windows, Linux et Unix et permet de virtualiser les baies XServe Raid. Résultat, une souplesse d'administration et des performances surprenantes. Le tout pour un prix défiant toute concurrence, 999 € par poste. Pour Apple, XSan est bien sûr la clé d'entrée pour des métiers liés à son coeur de cible, comme le broadcast vidéo, ou le stockage pour les clusters. Mais XSan est aussi un atout précieux pour aider la firme à séduire les entreprises.
En combinant ses technologies propriétaires et le meilleur des technologies Open Source, Apple montre qu'une voie du milieu est possible. Le message devrait sans doute être répété lors du lancement de Mac OS X Server 10.4 ("Tiger") et lors du lancement de futurs serveurs dotés des prochains Power PC bi-coeur d'IBM. L'occasion peut-être pour certaines entreprises de regarder une nouvelle fois une plate-forme que l'on avait pris l'habitude d'ignorer....
avril 12, 2005 dans Apple/Macintosh, Stockage | Permalink | Commentaires (2)
Et si votre prochain serveur était un Mac ?
Le Mac serait-il l'ordinateur idéal pour les entreprises. C'est en tout cas ce que laisse entendre depuis plusieurs mois notre très pragmatique publication soeur américaine Infoworld, qui ne tarit pas d'éloge sur les dernières innovations de la firme à la pomme. Bani des entreprises au cours des années 90 pour non-conformisme et pour ses tendances isolationnistes, le Mac s'est refait une jeunesse depuis le retour de Steve Jobs avec notamment un système d'exploitation remarquable et une nouvelle génération de machines performantes et à des prix raisonnables.
Curieusement, c'est du côté serveur que l'offre entreprise d'Apple est aujourd'hui la plus séduisante : le XServe est un serveur remarquablement conçu et son OS, Mac OS X Server, est une combinaison judicieuse de technologies maison et de technologies open source. Le tout, assorti d'une licence illimitée , fait du couple XServe/ Mac OS X, l'une des solutions serveur les plus économiques et les plus performantes du marché, surtout lorsqu'on le compare à des solutions PC sous Windows Server. Les aptitudes pour le calcul entier et vectoriel du XServe en font aussi un composant performant pour l'élaboration de clusters (calcul de risque financier, bio-informatique,calcul scientifique...).
Le XServe Raid est un autre joyau de la couronne d'Apple. Cette baie de stockage SAN Fiber Channel, certifiée pour Mac OS X, Windows et Linux, affiche un rapport performance/prix que seul l'AX100 de Dell et EMC parvient à approcher. A tel point qu'Oracle l'a sélectionné pour héberger son infrastructure de messagerie et de travail collaboratif. Combiné avec le système de fichiers en cluster XSan, le XServe et le XServe Raid forment un duo sans équivalent d'un point de vue rapport performance/prix sur le marché.
Le plus surprenant est que, pour parvenir à ce résultat, Apple n'a fait aucun compromis sur sa marque de fabrique, la simplicité et la convivialité. L'offre serveur de la firme à la pomme embarque ainsi des outils d'administration et de configuration d'une rare intuitivité. C'est par exemple le cas de l'ensemble des outils d'administration des outils open source de l'OS comme Apache, Samba, les serveurs VPN, DNS, DHCP... En cette période où tous les concurrents de Microsoft cherchent un équilibre entre propriétaire et Open Source, la firme à la pomme est discrétement parvenue à prendre une longueur d'avance. Rien qu'à ce titre, elle mérite un second regard, pour peu que l'on accepte de mettre de côté les guerres de religions des dix dernières années...
février 2, 2005 dans Apple/Macintosh, Serveurs | Permalink | Commentaires (3)