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Les prix abusifs de Vista confirment les mauvaises habitudes des éditeurs US
Dans une enquête sur le prix du PC rédigée pour Le Monde Informatique en 2003, j'écrivais que le couple processeur/chipset et celui de l’OS représentait près du tiers du prix du PC. (...) Comme on ne trouvera pas moins cher que l’ouvrier chinois à 1 dollar, et qu’il faut bien rémunérer le fabricant, le distributeur, payer les composants, le transport… le dernier grand gisement de baisse des prix est au niveau du fondeur et de l’éditeur de l’OS. Intel et Microsoft sont donc clairement devenus les deux principaux obstacles à la baisse des prix", j'ajoutais que "si la banalisation du PC se poursuit, Intel et MS ont du souci à se faire. A tel point que la thèse conspirationniste de certains confrères anglais, qui estiment que le débat législatif outre atlantique vise à rendre obligatoire les PC et les OS sécurisés, a été inspiré [par Intel et Microsoft] pour protéger leurs positions et pouvoir maintenir des prix élevés en deviendrait presque séduisante…".
En découvrant les prix publics de Vista, je m'aperçois que j'avais sans doute encore sous-estimé le problème. Dans sa version Ultimate, Vista vaut aujourd'hui plus qu'un PC bi-coeur bien configuré, ce qui fait que le couple processeur/OS peut dans certain cas représenter 2/3 de la valeur d'un PC.
Il ne s'agit pas là de critiquer Vista pour sa qualité. Après, un an passé avec les versions bêta et quelques semaines avec la version finale, Vista se révèle plutôt meilleur que son prédécesseur, même si certaines de ses fonctions m'agacent. Cependant aucune des améliorations apportées par Microsoft ne justifie à mon sens le prix ridicule demandé pour la version Ultimate.
En abusant sur les prix en Europe, les éditeurs américains creusent leurs propres tombes
Plus grave, rien ne justifie l'écart de prix surprenant entre la version anglaise et la version française. Il est vrai que nombre de membres de la BSA ont cette curieuse habitude de surfacturer les versions localisées de leurs logiciels sous couvert de frais d'adaptation. En octobre 2005, dans un billet sur le BSA, qui m'avait valu un courrier en recommandée courroucé de son président français (voir Et si la BSA nous mentait...), je notais par exemple qu' Adobe Creative Suite 2 Premium est vendue 1199$ aux US contre 1799€ HT en France, qu'Office Office 2003 Pro coûte 499$ contre 520 € HT... Des écarts qu'une simple traduction ne saurait justifier...
Ajoutons que cette pratique tarifaire est désastreuse d'un point du vue concurrence internationale. Elle permet par exemple aux entreprises américaines de bénéficier de tarifs de licences bien plus avantageux que ceux de leurs homologues européennes et donc d'adopter plus vite les nouvelles technologies pour améliorer leur compétitivité. Rien d'étonnant dans ce contexte que les entreprises européennes répliquent en adoptant de plus en plus le libre. De là à conclure qu'en pratiquant des tarifs abusifs à l'international, les éditeurs commerciaux y creusent leurs propres tombes...
février 1, 2007 | Permalink | Commentaires (2) | TrackBack