« août 2006 | Accueil | novembre 2006 »
Red Hat "Unfakable Linux" = très cher Linux...
Rien ne vaut l'original. C'est en substance la réponse adressée à Oracle par Red Hat après l'annonce par le premier d'une offre de support à prix cassé de la distribution Linux du second, la semaine dernière, lors d'Oracle OpenWorld. A l'Unbreakable Linux (Linux incassable) d'Oracle, Red Hat riposte par sa propre campagne de communication, "Unfakeable Linux" (littéralement, "Un Linux que l'on ne peut plagier ou Linux incopiable")
Risques d'incompatibilités…
Attaqué au portefeuille par Oracle, Red Hat accuse explicitement son concurrent (et partenaire) de créer une nouvelle branche à partir du code de sa distribution Linux, un "fork" en langage Open-source, et de mettre en péril la compatibilité tant au niveau binaire qu'au niveau du jeu d'API. Ce faisant, explique Red Hat, Oracle prend le risque de mettre en péril le bon fonctionnement des applications certifiées pour Red Hat Linux.
On verserait volontiers quelques larmes de crocodile sur la défense de Red Hat, mais elle fait peu de sens en tout cas techniquement. Tout d'abord parce qu'il n'y a guère de secrets dans sa distribution Linux. L'éditeur affiche fièrement son strict respect de la GPL et Oracle peut dont impunément cannibaliser l'intégralité de son code pour sa propre distribution. Ce ne sont pas la suppression de quelques mentions de trademarks et de quelques logos Red Hat qui risquent de mettre en péril la compatibilité des applications. L'environnement de compilation est lui aussi largement un non problème. Il y a fort à parier qu'Oracle a une idée très précise de l'environnement de compilation de Red Hat et qu'il l'a répliqué pour générer ses propres binaires…
Le support de Linux reste coûteux
Plutôt que d'accuser Oracle de "plagier" son Linux, on aurait sans doute aimé que Red Hat riposte par le haut à l'éditeur de SGBD. C'est un secret de polichinelle que les prix facturés par Red Hat et par la plupart des autres distributeurs Linux pour leur support sont exorbitants et qu'ils sont aussi, sans doute, un obstacle à une plus large distribution de Linux dans certaines entreprises. Il suffit à ce propos de regarder les tarifs facturés par d'autres éditeurs pour le support de leur Unix pour s'en rendre compte. Sun facture par exemple 720 $ par an pour son support premium Solaris pour un serveur à 2 CPU (1440 $ pour un quadri-sockets) contre 2499 $ pour Red Hat pour Red Hat Entreprise Linux AS. En alignant ses prix sur des tarifs plus habituels Oracle n'a fait que pointer cette douloureuse réalité.
Pour autant, Oracle n'est sans doute pas une menace immédiate pour Red Hat. Dans un premier temps, son offre ne devrait séduire que certains clients base de données et serveur d'applications attirés par la perspective d'un support unique pour l'ensemble de leur pile technologique. Mais si Oracle arrive à faire la preuve que son support est au pire au niveau de Red Hat, voire supérieur, et que se vérifie la pleine compatibilité de son offre avec celle de Red Hat, alors les dégâts pourraient rapidement s'étendre pour l'éditeur Linux. Plutôt que de répandre la peur et le doute sur le support d'Oracle, On aurait donc aimé voir Red Hat dépenser ses dollars dans le renforcement de la qualité de son support et réfléchir à une refonte de ses prix. A la baisse…
octobre 30, 2006 dans Actualité, Serveurs | Permalink | Commentaires (1) | TrackBack
ADSL et TV sur IP pour 15€ : c'est en Chine...
J'étais la semaine passé en Chine à l'invitation du second équipementier télécoms chinois, ZTE. Et ce que j'ai vu sur place m'ai littéralement époustouflé. Notre voyage nous a mené de Hong Kong à Shenzen puis à Shanghai pour une visite des principaux sites de R&D et de production de la marque. Shenzhen est une agglomération de 20 millions d'habitants qui héberge la Silicon-Valley locale. Il y a 25 ans, toute la région était largement agricole. Aujourd'hui c'est une mégapole hérissée de gratte ciel et d'immeuble d'habitation. Une fourmilière humaine qui chaque jour reçoit de nouveaux habitants et qui ressemble à un chantier permanent. Un chantier où l'infrastructure de communication est au fait des technologies avec une large couverture en GPRS et en Edge (la 3G n'est pour l'instant pas déployée en attendant que le gouvernement chinois rende sa décision).
Shanghai est sans doute encore plus impressionnant. Cette ville de contraste, où alternent building ultra-modernes et maisons décrépies, où les boutiques de luxe voisinent à quelques dizaines de mètres avec des ateliers spécialisés dans la contrefaçon, accueille officiellement près de 20 millions d'habitants. ZTE et China Telecom y ont déployé un vaste réseau ADSL (en attendant le FTTH). A ce jour, 2,7 millions de foyers sont desservies en haut débit (forfait de base de 2 Mbit/s) et China Telecom, vient de lancer la TV sur IP (60 000 abonnés en moins de 3 mois). Au programme près de 70 chaînes de TV en MPEG-4/H264, la vidéo à la demande, la possibilité d'accéder à des services interactifs (réservation de consultation l'hôpital, météo, annonces immobilières...). Le tout pour un tarif à faire baver d'envie les occidentaux : 12€ par mois pour l'ADSL, 3€ de plus pour la TV et 0,2 € par film en VOD (oui, oui, 0,2€). Le tout est en ligne avec le revenu moyen des habitants de la ville, près de 400€ par mois. A ce tarif, on comprend que la présence d'opérateurs alternatifs ne soit pas nécessaire. Alors vive le monopole (en Chine sinon je vais encore m'attirer les foudres de Xavier Niel, le fondateur de Free, toujours près à m'accuser de collusion avec notre opérateur historique...)...
octobre 25, 2006 dans Réseaux & Télécoms | Permalink | Commentaires (3) | TrackBack
Dell et AMD : 7 ans de discussions
Je suis actuellement à San Francisco pour Oracle OpenWorld, où Dell vient de présenter ses premiers serveurs à base de puces Opteron d'AMD, les Dell PowerEdge 6950, un serveur quadri-socket Opteron 8000, et Dell PowerEdge 1435SC, un bi-socket Opteron 2000. Rien de révolutionnaire à l'horizon par rapport aux serveurs disponibles actuellement sur le marché, sinon que pour Dell, ces machines sont moins chères que les machines Intel équivalentes.
Malgré cette adoption de l'Opteron ou peut être du fait de son ralliement tardif, le sujet de la collaboration avec AMD reste un sujet qui chez Dell. Depuis 5 ans, chaque évocation d'AMD se concluait par une réponse bateau du type: "nous n'avons de demande des clients", "nous voyons un avantage à l'unicité de notre plate-forme", "nous continuons à discuter avec AMD"...
Profitant de la présence du patron du marketing des Power Edge et du CTO de Dell, un collègue de ZDNet US a cherchait à savoir pourquoi Dell avait mis autant de tant à adopter les puces AMD. Il s'est vu répondre que les discussions duraient depuis 7 ans et que Dell avait attendu d'être sûr qu'AMD pouvait livrer les quantités dont il a besoin et qu'il pouvait assurer une stabilité de sa plate-forme. L'argument pourrait paraître sensé si ses concurrents tels qu'HP, IBM, Sun et Fujitsu étaient beaucoup plus petits ou moins exigeants. Ce n'est bien sûr pas le cas.
On peut donc légitimement se demander pourquoi Dell a pris deux ans de plus que tous le monde pour reconnaître ce que toute l'industrie savait déjà. Dell serait-il plus prudent que ses concurrents, plus couard, peu réactif à l'évolution du marché ou aurait-il cédé plus longtemps que ses concurrents aux pressions "amicales" de son principal allié et fournisseur, Intel. En pointant du doigt le fait que l'avantage d'AMD sur Intel n'a jamais été aussi grand qu'en 2004 et que Dell se rallie à l'Opteron au moment où Intel semble combler son retard, j'ai donc demandé à Dell, ce qui avait changé en deux ans pour que le constructeur revoit sa position. Réponse brutale : nous avons déjà répondu à cette question précédemment. Fermez le ban...
Résumons-nous : Dell discute depuis 7 ans avec AMD, mais il faut croire qu'il ne sait pas écouter : Son ralliement se fait alors que l'avantage technologique de l'Opteron sur les Xeon s'est considérablement réduit et que la croissance d'AMD ralentit. En difficulté, c'est vraisemblablement parce que ses principaux concurrents ont utilisé l'Opteron pour lui tailler des croupières sur quelques segments lucratifs, notamment celui des serveurs 4 sockets, que Dell ajoute l'Opteron à son portefeuille de produits. Il est vrai que près de 25% des ventes mondiales de serveurs x86 se font désormais sur des machines à base d'AMD et qu'il est devenait difficile pour le Texan d'ignorer un quart du marché. Autant dire que le principe de réalité a eu raison de la fidélité aveugle à Intel...
octobre 25, 2006 dans Serveurs | Permalink | Commentaires (4) | TrackBack